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collectif arts écologies transitions

Séminaire 2023-2024
Formes de 
radicalité

t— Le séminaire transdisciplinaire Arts, écologies, transitions, initié en 2016, poursuit son chemin, en s’enrichissant de nouvelles collaborations. Pour 2023-24, il souhaite explorer les formes de radicalité.

La notion de «radicalité» renvoie à celle de racine et, d’une certaine manière, tout aussi bien à la profondeur qu’à la partie cachée d’un phénomène. Par conséquent, l'adjectif «radical» implique une capacité d’analyse entière, voire accomplie, qui va jusqu’au bout.

t— Dans l’art, cette notion convie des pratiques de recherche et expérimentales qui ont souvent contribué à élargir le concept d’art lui-même. Le contenu généralement attribué à l’art radical concerne aussi la notion d’engagement et d’implication politiques manifestes contre les pouvoirs, les intérêts économiques dominants ou les pratiques artistiques officielles – en entendant par «officielles» des pratiques qui se soumettent à ces pouvoirs et intérêts. Dans l’écologie politique, dans la mesure où les gouvernants actuels se saisissent de la question écologique selon une logique gestionnaire – dont le constat analytique «vu du ciel» s'appuie sur des chiffrages statistiques, des mesures, des modélisations, et dont la mise en œuvre se caractérise par des plans, des programmes des règlementations, des taxes ou des compensations – il n’est pas étonnant de voir émerger en réponse une forme d'«écologie radicale», plus concrète, rejoignant l'écologie dite «profonde» (Yves Citton, Pour une écologie de l'attention, Points, 2014), mettant en œuvre des actions proches de l’activisme tels la dénonciation, l’occupation ou le sabotage. La démarche tendrait à se recentrer sur le vivant, proposant de combattre le productivisme, de ralentir, de promouvoir la proximité, la décroissance, le commun ainsi qu’une alternative faite de convivialité et de singularités.

t— Par ailleurs, de nombreux artistes travaillent actuellement sur la radicalité du pouvoir et des intérêts économiques en place. L’analyse, la déconstruction critique et la dénonciation de leur jusqu’au-boutisme sont au centre de leurs projets. Ils et elles thématisent la question de l’extrémisme des gouvernants qui s’exprime par des pratiques littéralement écoterroristes, par l’appropriation et la destruction des communs, par l’aggravation des divers modes d’exploitation sociale, genrée ou spéciste, par les logiques extractivistes, etc., un extrémisme qui a pour but une “an-esthésie» généralisée et programmée. Les artistes leur opposent, avec leurs œuvres, de nouveaux modes de sentir et d’être ensemble, des solutions concrètes et des alternatives globales de relation au monde non polluées par ce cynisme radical et jusqu’au-boutiste. Ainsi, création et imagination s’entremêlent avec engagements et activismes, faisant naître des militantismes esthétiques et des artivismes. 

t— Le séminaire se propose, en invitant des artistes et des théoriciens de l’art, de rendre compte et d’analyser comment l’art, par sa radicalité, peut contribuer à l’écologie politique en proposant des «utopies réelles» (Erik Ollin Wright, Utopies réelles, traduction Vincent Farnea, Paris, La Découverte, 2010) ; comment il génère des formes directes ou indirectes de productions esthétiques qui critiquent le modèle extrémiste des pouvoirs existants ; il souhaite aussi prolonger le débat en étudiant certains mouvements sociaux de défense, de proposition ou de production qui, sans relever de ce qu’on appelle traditionnellement "art", développent de nouveaux modes de relation sensible au monde.

Identifier ces mouvements à la fois artistiques et écologiques – au sens des trois écologies de Guattari : environnementale, sociale, mentale –, prendre contact avec eux et contribuer à leur compréhension, faire état des éléments constitutifs d’une nouvelle aisthésis, voire d’une nouvelle épistémè : tels sont les objectifs de ce séminaire.

 Le projet

t— Le projet a pour propos de constituer un réseau international de chercheurs et d’artistes liés à ce tournant écologique de l’art. Certains seront associés et seront invités pour des journées d’études, colloques, conférences, événements artistiques… ; l’art vivant étant au centre du projet, le projet laisse la place aux recherches-créations. Les deux premières années se sont penchées sur quelques thématiques fortes : notions de paysage, environnement, situations, milieu … ; éthique du son ; promenades sonores et chorégraphiques ; geste critique et handicap; les pionniers; perception sonore animale et bio-éco-acoustique; arts, communs et décroissance. Le projet connaît maintenant une phase de restitution par la production d’un abécédaire bilingue (français-anglais) — construisant une référence commune — issu de ce travail de réflexion et de création. Ce texte sera accompagné d’une documentation multimédia importante valorisant l’ensemble du projet. Ce projet propose d’examiner le tournant écologique des arts.

Il souhaite interroger la démarche d’artistes et de théoriciens actuels qui, à l’écoute de questionnements découlant des crises écologique, économique ou sociale ainsi que de la crise des représentations, sont à la recherche de nouvelles formes de création et de pensée artistiques. Pratiques de transition, ces nouvelles formes (performances interagissant avec l’environnement, promenades sonores ou artistiques, réalisations associant des performers handicapés…) explorent la relation au milieu ainsi que les contiguïtés avec les expériences de la vie quotidienne ou encore les actions citoyennes. Elles naissent du déplacement de la notion d’esthétique vers l’aisthésis, la sensation, la perception, ainsi que d’une réflexion sur la dimension éthique de l’art. Si la démarche environnementaliste peut constituer le moteur de ces recherches artistiques, théoriques et parfois militantes, les relations à la société ainsi qu’à la subjectivation leur sont aussi importantes : le projet adoptera une perspective guattarienne pour évoquer tout autant les écologies sociale et mentale que celle environnementale.

Séminaire & archives vidéos

Participant.e.s
aux journées d’études

Publications

¤ Carmen Pardo (ed.),
Art i decreixement / Arte y decrecimiento / Art et décroissance, Girona, Documenta Universitaria, 2015, 194 p. (ISBN : 978-84-9984-321-6)

¤ Roberto Barbanti et Lorraine Verner (eds.),

Les Limites du vivant. À la lisière de l’art, de la philosophie et des sciences de la nature, Paris, Éditions Dehors, 2016, 415 p.(ISBN : 978-2-36751-009-5)

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